J’ai saisi pour la première fois un appareil-photo lors de ma communion solennelle. Mon parrain m’avait offert un appareil tout automatique, un Regula 118, qui prenait des photographies légèrement floues, à la David Hamilton. La pellicule, au format 13x17mm, était enfermée dans une cassette 110 horizontale.
Mon voisin, féru de photographie, était un des premiers en Belgique à s’être essayé à la photo infrarouge. Il gardait chez lui, soigneusement rangés sur une étagère, une dizaine d’appareils-photos de tous formats et de tous genres. Il développait souvent lui-même ses images car il était aussi un bricoleur hors-normes. Il fut celui qui me donna envie de faire de la photo. Un jour, il vint me chercher pour photographier ensemble les hiboux moyens-ducs qui venaient se reproduire dans son jardin. J’allais régulièrement les voir voler à tombée du jour, au lieu-dit « Le Boly », à Falaën. Les petits, encore duveteux ce jour-là, nous regardaient de leurs grands yeux ronds avec étonnement. J’ai toujours ces images, classées dans un album. C’est ce souvenir qui est à l’origine du logo de ce site : un jeune hibou qui vous regarde avec curiosité.
Il aura fallu beaucoup de temps pour que j’arrive enfin à retranscrire ce que je perçois à travers l’appareil. De longues années de recherche, d’errance et de doutes ont été nécessaires, comme un travail d’épure. La lumière circulant dans l’objectif jusqu’à mes rétines m’a fourni de nombreuses joies et découvertes insoupçonnées. L’expérience a permis de mieux la saisir et de la ressentir comme l’élément vital de ma recherche.
Parmi les photographes qui m’ont marqué, je nommerai Willy Ronis et ses cadrages purs, Léonard Misonne et ses ambiances magiques et enfin, Jean-Loup Sieff, un homme qui avait en lui une capacité hors-normes à dévoiler la beauté des femmes.
Je ne suis pas un homme qui cherche l’image dure, l’image polémique ou qui choque. Je pense qu’il est bon d’apaiser, de voir le beau, l’étonnant. Car il y a, oui, toujours du beau et de l’étonnant à redistribuer et à offrir.
L’image est un cadeau. Un cadeau qui n’a pas de prix et qui s’envole à chaque seconde. Le photographe a cette chance de pouvoir la saisir et de l’offrir à d’autres.